Les tiques, ces minuscules arachnides souvent peu ou mal connues, jouent un rôle significatif dans la transmission de maladies et posent un défi croissant en matière de santé publique. Comprendre leur biologie, leur comportement et les risques associés à leur présence est essentiel pour minimiser les dangers qu'elles représentent
Cet article vise donc à explorer en détail le monde des tiques, depuis leur définition jusqu'à la prévention de leurs piqûres, en passant par les risques pour la santé et les mesures à prendre en cas de morsure, afin de mieux appréhender ces petites créatures et apprendre à coexister avec elles de manière plus sûre.
Qu'est-ce qu'une tique ?
Les tiques sont des arachnides parasites de la famille des Ixodidae ou acariens, qui se nourrissent du sang des animaux et des humains. On dit que ce sont des ectoparasites car elles vivent à la surface de la peau de leur hôte (animal ou homme) de manière temporaire. Du fait de leur grande taille, comprise entre 3 millimètres et 1 centimètre, elles sont les plus grands représentants de leur famille.
Il existe environ 900 espèces de tiques. Au niveau mondial, les tiques se répartissent en deux grandes familles : les tiques molles (ou Argasidés) et les tiques dures (ou Ixodidés). En France, une quarantaine de variétés de tiques dures sont présentes ; les plus communes sur notre territoire sont les Dermacentor, Rhipicephalus et Ixodes.
Caractéristiques de la tique
Les tiques possèdent huit pattes et passent la plupart de leur vie dans des environnements extérieurs, attendant sur des brins d'herbe ou des buissons pour se fixer sur un nouvel hôte. Elles sont généralement de couleur brun foncé. À l’état de larve ou de nymphe, la tique peut également présenter une coloration blanche ou brun clair.
Elles se fixent sur la peau de leur hôte grâce à leur rostre (sorte de dard au niveau de la partie buccale) pour se nourrir. Ce faisant, il leur arrive de transmettre des agents pathogènes à l'origine de maladies qui peuvent causer des problèmes de santé graves. Lors de la morsure, la tique émet une salive anesthésiante pour que l’hôte ne sente pas celle-ci. Elle découpe ensuite la peau de son hôte avec ses petites scies (les chélicères) et enfonce progressivement son hypostome (portion de sa tête) garni de crochets en hameçons pour atteindre un petit vaisseau et pouvoir ainsi prélever du sang. Lorsque la tique est gorgée de sang, son poids peut être multiplié par 200. Elle réinjecte alors dans la plaie une partie du sang à laquelle s'ajoutent ses propres sécrétions, ce qui permet à des agents pathogènes de pénétrer dans l’hôte. Après son repas de sang, la tique rassasiée se détache et tombe de son hôte.
Le cycle de vie de la tique : de l'œuf à l'adulte
Une tique passe par quatre stades de développement distincts : œuf puis larve avant de se transformer en nymphe et de devenir enfin adulte.
Chaque stade nécessite un repas de sang pour muer vers le stade suivant. Ce cycle peut varier de plusieurs semaines à plusieurs années selon l'espèce de tique et les conditions environnementales. Comprendre ce cycle est essentiel pour mieux prévenir et contrôler leur prolifération. En effet, les tiques peuvent mordre à chaque stade de leur développement. Chez les tiques adultes, seules les femelles mordent, car contrairement aux mâles, celles-ci doivent encore ingérer du sang après l’accouplement pour pouvoir pondre leurs œufs. Les mâles meurent après l’accouplement tandis que les femelles meurent après la ponte.
Au début de sa vie, la tique est une larve. Son corps ne mesure alors que 0,5 millimètre au maximum. Il est de couleur jaunâtre et n’a que six pattes à ce stade de développement. Une fois que la tique a ingéré son premier repas de sang, la quatrième paire de pattes pousse et la larve devient une nymphe. Les nymphes atteignent une taille de 1 à 2 millimètres et leur corps est blanc à translucide. Après un autre repas de sang, la tique devient adulte et est donc prête à se reproduire.
Une fois qu’elle a mordu, la tique peut rester sur le même hôte pour les trois repas nécessaires à chaque stade de son développement avant de s’en détacher complètement. Ces suceurs de sang survivent en moyenne trois à six ans dans la nature et parfois jusqu’à une année sur leur hôte !
Où et quand peut-on attraper des tiques ?
Les tiques vivent pour leur majorité dans des climats tempérés, mais elles possèdent néanmoins une très grande capacité d’adaptation à l’altitude et à l’humidité.
Leurs habitats préférés sont la lisière des forêts, les clairières et les endroits à proximité des sentiers forestiers : haies des forêts de feuillus et des forêts mixtes comportant des zones herbeuses et buissonnantes denses, ainsi que les herbes hautes et les broussailles. Toutefois, les tiques peuvent également s’implanter dans des jardins ou des parcs. Les randonneurs, les campeurs, les chasseurs et toute personne passant du temps en extérieur sont donc exposés à un risque accru de piqûre de tique.
Elles sont plus actives pendant les mois chauds de l'année, mais dans certaines régions, elles peuvent être présentes toute l'année, même par temps froid. Dès lors que la température passe en dessous de la barre des 8°C, la tique entre dans une sorte d’hibernation et devient inactive.
Ces petites bêtes vivent en réalité à proximité du sol. Cependant, lorsqu’elles se mettent en quête de sang pour se nourrir, elles peuvent grimper sur les herbes, les fougères, les buissons ou les haies, afin de s’accrocher plus facilement à « leur proie ».
Quels sont les risques liés aux tiques ?
Au cours de son repas, la tique peut transmettre à l’animal hôte des agents infectieux dont elle serait porteuse. Elle agit donc comme un vecteur de plusieurs maladies comme notamment :
- La piroplasmose ou babésiose canine : une maladie qui touche particulièrement le chien et qui détruit ses globules rouges. Elle est causée par le protozoaire Babesia canis, et est parfois qualifiée de « malaria du chien ». Les principaux symptômes de cette maladie sont un état de léthargie, une forte fièvre et une altération de la couleur des urines qui deviennent marron.
- L’ehrlichiose : une maladie également transmise par la tique et qui est plus fréquente dans le sud de la France. Elle est due à la bactérie Ehrlichia canis et peut provoquer une forme aiguë avec de la fièvre, un état léthargique, une anorexie, éventuellement des saignements, ou bien une forme chronique avec une perte progressive de poids et un abattement chez votre chien.
Les maladies canines transmises par les tiques présentent de nombreuses manifestations cliniques qui en rendent le diagnostic et l’étude difficiles. Les symptômes peuvent être aigus et avoir une issue parfois mortelle.
Tiques et maladie de Lyme
La maladie de Lyme ou borréliose de Lyme est l'une des principales maladies transmises par les tiques. Elle est causée par la bactérie Borrelia burgdorferi et se caractérise par une longue période d’incubation qui peut durer jusqu’à 30 jours. Elle peut provoquer divers symptômes, tels que des éruptions cutanées en forme d'anneau : un érythème migrant, sous la forme d’une plaque rouge et arrondie qui s’étend en cercle autour de la zone piquée puis disparaît en quelques semaines à quelques mois.
L’évolution est très favorable lorsque la maladie est diagnostiquée et traitée précocement. Un traitement antibiotique de deux semaines est recommandé. En l’absence de traitement, il est possible que des douleurs articulaires surviennent et, dans certains cas, celles-ci peuvent s'accompagner de problèmes neurologiques plus graves comme des encéphalites. Chez le chien, on peut repérer des signes cliniques comme un animal qui boite ou qui présente des membres raides et douloureux. Les symptômes sont aussi parfois accompagnés de fièvre et d’une perte d’appétit.
La morsure de tique s’avère donc plus dangereuse pour l’animal de par les maladies qu’elle peut transmettre que par la quantité de sang prélevée. Se protéger soi-même et son animal contre les tiques doit donc devenir un réflexe.
Prévention : comment se protéger des piqûres de tiques ?
Tout d’abord, il faut savoir que nous sommes tous inégaux face aux piqûres de tiques. Certaines personnes vont se faire mordre beaucoup plus facilement que d’autres. La composition de la sueur sur la peau entre probablement en jeu, même si pour l’instant, aucune étude précise ne l’a démontré.
Les contaminations sont plus fréquentes à la période d’activité maximale des tiques à savoir en France entre le début du printemps et la fin de l’automne. Voici donc quelques conseils pour prévenir les morsures de tiques :
- Privilégier les sentiers bien entretenus et éviter les hautes herbes.
- Porter des vêtements longs afin de couvrir vos jambes et vos bras.
- Appliquer des répulsifs contre les tiques sur la peau et les vêtements.
- Après une activité extérieure, il est crucial de vérifier soigneusement votre corps et celui de votre animal de compagnie, plusieurs jours de suite. Il ne faut pas oublier les zones cachées comme l'aine, les aisselles, le creux des genoux, l'arrière des oreilles, le nombril et le cuir chevelu. Il est aussi recommandé de s’inspecter le corps sous la douche : cela permet de voir les tiques de petite taille très difficiles à repérer (larves, nymphes) qui ne ressemblent parfois qu’à un point noir.
Pour son animal de compagnie, de bonnes habitudes préventives associées à l’utilisation d’un médicament antiparasitaire (qui tue les tiques) permettent de limiter le risque d’infestation de l’animal. Le choix du traitement est important et doit tenir compte de la santé de l’animal et de ses habitudes de sorties : appliquez régulièrement un antiparasitaire actif contre les tiques, au moins de mars à novembre et n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire.
L’antiparasitaire doit avoir plusieurs caractéristiques à commencer par une action rapide. Il doit provoquer le détachement des tiques déjà fixées et empêcher l’attachement de nouvelles tiques tout en ayant une efficacité longue durée (plusieurs semaines) et une résistance à l’eau.
Comment réagir si l’on est piqué ?
En cas de piqûre de tique, il est essentiel de retirer la tique le plus rapidement possible à l'aide d’un tire-tique en exerçant une pression constante et régulière, puis de désinfecter la zone. Pour ce faire, il convient de venir le glisser au niveau de l’insertion de la tique sur la peau avant de tirer délicatement en faisant un mouvement de rotation. La tique va alors se détacher toute seule. Il ne faut surtout pas essayer de l’enlever avec ses doigts ou une pince quelconque car sa tête pourrait se casser et rester sous la peau. De même, il ne faut pas écraser la tique ni la manipuler avec des produits chimiques (goutte d’huile, d’alcool ou d’essence pour “l’étouffer”) avant de l'enlever.
Il est conseillé de surveiller la zone piquée pendant au moins un mois. Si des symptômes inhabituels se développent après une piqûre de tique, il faut consulter un médecin ou un vétérinaire.
En résumé, les tiques, bien que discrètes, sont des vecteurs de maladies sérieuses, dont la maladie de Lyme demeure l'une des plus connues. Comprendre leur cycle de vie, leurs habitats et les mesures préventives à adopter est crucial pour réduire les risques de piqûres et de maladies associées.
La vigilance et la connaissance demeurent nos meilleurs atouts pour se protéger. En adoptant des pratiques préventives lors des activités extérieures et en agissant rapidement en cas de piqûre, il est possible de limiter les conséquences des rencontres avec ces petits parasites.
Manon BARANTIN - ProVéto