Les mouches sont connues pour être des insectes exaspérants l’été de par la nuisance sonore et visuelle qu’elles constituent. Parce qu’elles se nourrissent entre autres de nos déchets, elles semblent également témoigner d’un manque d’hygiène. Au moins, contrairement aux moustiques, elles ne piquent pas... Du moins pas toutes ! La mouche charbonneuse, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa cousine la mouche domestique, peut potentiellement vous piquer et se nourrir de votre sang ! Mais qui est cette désagréable mouche et comment la reconnaître ? Dans quel milieu vit-elle ? Quels sont les risques associés à sa piqûre ? Grâce à cet article, vous saurez tout sur la mouche charbonneuse.
Qui est la mouche charbonneuse ?
La mouche charbonneuse dont le nom scientifique est Stomoxys calcitrans est également communément appelée mouche piquante, mouche des étables (“stable fly” en anglais), stomoxe ou encore phlegmoneuse des chevaux. Il s’agit d’une espèce d'insectes de l’ordre des diptères et de la famille des muscidae qui comprend notamment aussi la mouche domestique (Musca domestica).
Il s’agit d’un insecte hématophage, c’est-à-dire que cette mouche une fois adulte se nourrit du sang des mammifères qu’elle pique. Bien que cela ne soit pas le cas pour la plupart des espèces d'insectes hématophages, chez la mouche charbonneuse les deux sexes piquent. Le stomoxe a une activité diurne et un comportement relativement agressif. De plus, ce diptère s’alimente aussi dans une moindre mesure de nectar et de pollen.
Comment reconnaître la mouche piquante ?
Le stomoxe a une apparence très proche de la mouche domestique : tout comme cette dernière, il possède deux yeux rouges bruns. De plus, on observe des bandes longitudinales et des taches plus foncées, respectivement sur son thorax et sur son abdomen. Il a également, comme la mouche domestique, les pattes noires. Un stomoxe adulte mesure entre six et huit millimètres de long contre entre cinq et huit millimètres pour sa cousine. La mouche charbonneuse est donc de taille équivalente à la mouche domestique.
Il est possible de différencier une mouche piquante d’une mouche domestique grâce à leur position au repos et à leur trompe. En effet, le stomoxe a la tête vers le bas au repos alors que la mouche domestique l’a vers le haut. Quant à la trompe de la mouche des étables, elle est plus longue que sa tête, courbée à sa base, pointue à son extrémité, et se dirige vers l’avant contrairement à celle de la mouche domestique.
Dans quel milieu vit la mouche charbonneuse ?
La mouche piquante est une espèce qu’on retrouve principalement à la campagne. Elle se rencontre dans les campagnes du monde entier, entre avril et octobre pour un pays au climat tempéré comme la France. Dans la mesure où ses larves sont coprophages et se nourrissent donc des crottins et fumiers, on trouve la mouche charbonneuse surtout au niveau des étables, bergeries et autres écuries. Ces lieux permettent le développement de la mouche charbonneuse à tous les stades de sa vie : les larves coprophages se satisfont des déjections des bêtes tandis que les adultes hématophages comptent sur le sang des animaux.
La mouche charbonneuse peut-elle piquer l’homme ?
Cette mouche se nourrit en majorité du sang du bétail : chevaux, vaches, chèvres, moutons, ânes, buffles et chameaux font partie de ses victimes. Elle pique souvent là où l’accès au sang est le plus simple. Par exemple, chez les bovins mais aussi les équidés, elle va piquer au niveau de la partie inférieure des membres où le pelage fin laisse apparaître les vaisseaux sanguins.
Par ailleurs, la mouche piquante attaque tout de même sans distinction le bétail, les animaux de compagnie (chien, chat...) et les hommes qu’elle croise en visant là aussi les jambes qui sont souvent la partie la plus exposée en été.
Les risques liés aux mouches piqueuses
La douleur
La piqûre de la mouche charbonneuse est douloureuse. Elle provoque une sensation de pincement soudain puis des boutons et des démangeaisons qui durent environ sept jours. Elle peut aussi entraîner une réaction allergique. En cas de piqûre, il faut passer l’emplacement de la piqûre sous l’eau froide ou apposer un glaçon enveloppé dans un tissu propre de manière à soulager la personne piquée. Cela empêche aussi la formation du bouton. Il est également recommandé de désinfecter la piqûre avec un antiseptique. En effet, la douleur n’est pas le seul danger que peut entraîner une mouche charbonneuse qui a fait de vous ou de votre animal son repas.
Les maladies
La mouche charbonneuse participe à la transmission de nombreuses maladies :
- La fièvre charbonneuse (aussi appelée maladie du charbon) est une maladie infectieuse d’origine bactérienne. Il s’agit d’une anthropozoonose, c'est-à-dire qu’elle se transmet des animaux à l’homme. Elle est due à la bactérie Bacillus anthracis. C’est de cette maladie que vient le nom vernaculaire “mouche charbonneuse”.
- L’anémie infectieuse équine, une maladie virale contagieuse grave qui touche les équidés.
- La peste porcine africaine qui est mortelle pour les cochons et les sangliers par exemple.
- La fièvre aphteuse, maladie virale non mortelle qui touche les cochons, les bovins, les moutons et les chèvres notamment.
- La fièvre de la Vallée du Rift.
- Des rickettsioses : ce sont des zoonoses dues aux bactéries Rickettsia : l’anaplasmose bovine et la fièvre Q en sont deux exemples.
- C’est aussi l’hôte intermédiaire de parasites comme le nématode Habronema microstoma.
Impact sur l’élevage
L’impact du stomoxe sur l’élevage n’est pas uniquement dû à la propagation d’agents pathogènes. Il ne faut pas oublier que cet insecte se nourrit du sang du bétail. Les mouches charbonneuses harcèlent ainsi constamment les animaux, leurs piqûres étant très douloureuses. De plus, dans certains territoires très touchés, le volume de sang prélevé au bétail par les mouches quotidiennement peut être relativement important (jusqu’à un litre par jour et par bovin recensé dans une exploitation de l’île de La Réunion).
Cela peut entraîner un affaiblissement des individus du troupeau et donc une baisse de production laitière ainsi qu’une mortalité anormalement élevée. Ainsi les pertes économiques dans les élevages touchés par la mouche charbonneuse sont souvent importantes d’où la nécessité de prendre des mesures préventives.
Quelle est la durée de vie de la mouche charbonneuse ?
Le cycle de développement de la mouche charbonneuse est similaire à celui des autres mouches. Il se fait en six stades consécutifs :
- l’œuf
- trois stades larvaires
- la nymphe
- l’adulte.
La mouche piquante dépose vingt-cinq à cinquante œufs à la fois dans des excréments (crottin, fumier...). Ses larves coprophages se développent en se nourrissant des déjections avant de devenir nymphes puis adultes. La femelle adulte délivrera les œufs de la génération suivante quatre à cinq jours après l’accouplement.
La durée de ce cycle varie en fonction de la température : il dure environ 60 jours à 15°C et 12 jours à 30°C, le développement de l’insecte étant plus rapide lorsque la température augmente.
Comment lutter contre les mouches piqueuses ?
En élevage, la lutte contre la mouche charbonneuse se fait principalement par l’utilisation d’insecticides. Cependant, ces derniers présentent souvent de nombreux inconvénients. C’est pourquoi d’autres stratégies, notamment à base d’huiles essentielles répulsives, sont actuellement en étude.
Pour se protéger des mouches des étables, il faut se couvrir à l’extérieur : pantalon, chaussures et t-shirt à manches longues, de manière à limiter l’accès des mouches à la peau. Il est également nécessaire d’empêcher les mouches d’entrer chez vous en fermant les volets des façades exposées par exemple.
La mouche charbonneuse, insecte hématophage qui ressemble fortement à la mouche domestique, se trouve surtout en campagne à proximité des élevages. Elle constitue un grand danger pour le bétail, et un moindre péril pour l’humain et les animaux de compagnie, qui sont moins touchés par les maladies qu’elle transmet.
D’autres arthropodes peuvent se nourrir du sang de vos animaux, comme les puces, les tiques ou les aoûtats dont il convient de se méfier également, ces animaux étant eux aussi vecteurs de nombreuses maladies.
Nassim RHARBI - ProVéto Junior Conseil