La toxoplasmose du chat est une maladie infectieuse transmissible à l’Homme, dite zoonose. Cette pathologie répandue dans la population féline a beaucoup fait parler d’elle ces dernières années en raison du potentiel risque qu’elle représente pour les femmes enceintes. Dans cet article, nous tenterons de démêler le vrai du faux en commençant par définir la toxoplasmose. Nous verrons les causes, les symptômes et traitements possibles pour cette affection. Enfin, nous aborderons les bonnes habitudes à prendre notamment en termes d’alimentation et mesures d’hygiènes afin de prévenir la toxoplasmose.
Qu'est-ce que la toxoplasmose ?
La toxoplasmose est une maladie parasitaire, contractée par le chat et transmissible à l’Homme. Le plus souvent, cette zoonose est inoculée chez les félins par l’intermédiaire de rongeurs contaminés, qu’ils peuvent avoir consommés.
Chez les personnes en bonne santé, l’infection est souvent asymptomatique. La toxoplasmose est toutefois gravissime chez les individus immunodéprimés (VIH) et lorsqu’elle affecte une femme enceinte et son fœtus : sans gravité pour la mère, les conséquences chez le nouveau-né peuvent être un avortement en début de grossesse, une méningo-encéphalite toxoplasmique (troubles neurologiques), des affections viscérales fatales ou encore des troubles oculaires (choriorétinite). La toxoplasmose congénitale est la maladie congénitale la plus fréquente après la trisomie 21. Rappelons tout de même que la majorité des enfants nés après infection in utero ne présentent pas de problème de santé.
Attention, aujourd’hui les femmes enceintes réalisent systématiquement une sérologie vérifiant si elles possèdent déjà des anticorps contre cette maladie : si c’est le cas, l’organisme de la mère se débarrassera du parasite avant même qu’il n’atteigne le fœtus. Dans le cas où la femme est séronégative, elle devra être suivie régulièrement au cours de sa grossesse.
Grâce à cet accompagnement, la cohabitation entre chat et femme enceinte est tout à fait possible ! D’autant plus que la transmission de cette maladie n’est possible que si le chat sort à l’extérieur et chasse. Votre animal sera, de plus, excréteur du parasite pendant un intervalle de temps assez limité.Par ailleurs, il existe bien d’autres modes de contamination : le parasite est présent chez les porcs, vaches, chèvres et moutons. En Europe, on considère que la viande d’agneau est la principale source de contamination ! La viande contaminée non cuite à cœur, la terre ou l’eau souillée par des excréments, ou encore les fruits ou légumes crus contaminés sont aussi vecteurs de la toxoplasmose !
Cause de la toxoplasmose ?
La toxoplasmose est due à un parasite des mammifères et des oiseaux : Toxoplasma gondii. Ce parasite intracellulaire, assez répandu en France, est retrouvé particulièrement chez les ovins (moutons). Il occasionne des avortements chez nos animaux de rente. L’infestation des hôtes intermédiaires, c’est-à-dire des herbivores et rongeurs, se fait par l’ingestion de dérivés de toxoplasmes : des bradyzoïtes présents dans les muscles et viscères, d’oocystes sporulés (aliments souillés), ou de trachyzoïtes, cette fois par voie transplacentaire de la mère au foetus. Concernant le chat, il existe trois modalités d’infestation :
- par ingestion d’œufs du parasite dans l’eau ou l’aliment
- par ingestion de viande peu ou pas cuite (proies)
- in utero par contamination de la mère
Un chat d’extérieur sera plus exposé au parasite qu’un chat d’intérieur. En effet, s’il chasse, il sera plus en contact avec les rongeurs, les carcasses d’animaux contaminés, etc.
Concernant l’Homme, la consommation de viande est la principale cause de transmission de la toxoplasmose. Ensuite on note la contamination par l’environnement : végétaux contaminés, litière du chat et exceptionnellement le pelage du chat. Enfin, comme nous l’avons développé précédemment, la toxoplasmose se transmet à l’enfant lors de la grossesse, si la mère se contamine.
Les symptômes de la toxoplasmose chez le chat
La plupart des chats sont contaminés par Toxoplasma gondii et possèdent une bonne immunité. La grande majorité des infestations passe inaperçue car cette pathologie est le plus souvent asymptomatique ou peu évocatrice chez le chat adulte. Par exemple, on pourra potentiellement remarquer des symptômes comme une fatigue passagère, une prise de température et des ganglions lymphatiques palpables.
Lorsque la toxoplasmose est symptomatique, chez des chats non immunisés, on pourra noter :
- Des formes respiratoires : une bronchopneumonie, de la toux et des difficultés à respirer
- Des formes nerveuses : convulsions, crise d’épilepsie, paralysie et autres troubles de la locomotion.
- Des formes atypiques : affections du tube digestif ou troubles oculaires (choriorétinites).
Quels sont les traitements possibles ?
En cas de toxoplasmose symptomatique, il est préférable d’aller consulter votre vétérinaire référent : à l’issue de son examen clinique, il pourra vous proposer quelques examens complémentaires afin de préciser son diagnostic.
Des examens de laboratoires tels qu’une sérologie et/ ou une coproscopie (analyse des selles) pourront permettre de mettre en évidence la présence de Toxoplasma gondii. A l’issue du diagnostic, un traitement symptomatique peut être adapté à chaque animal notamment lorsqu’il déclare des diarrhées ou uvéites. On peut aussi avoir un traitement spécifique contre la toxoplasmose : des antibiotiques et des coccidiostatiques comme le Toltrazuril pourront être prescrits pendant un mois en fonction du degré d’atteinte de votre chat.
Comment prévenir la toxoplasmose ?
La prévention contre la toxoplasmose est difficile : l’éradication du parasite dans la population féline est quasi-impossible car l’affection passe souvent inaperçue, l’excrétion des œufs de parasites est généralement imprévisible et les traitements actuels ne permettent pas de toucher tous les dérivés du toxoplasme (oocystes, bradyzoïtes, trachyzoïtes).
Méthodes de conservations extrêmes
La première méthode de lutte est la destruction des kystes à bradyzoïtes que l’on retrouve particulièrement dans les muscles et les viscères des animaux, donc possiblement dans l’alimentation. Pour cela, on adopte des méthodes de conservations assez extrêmes pour détruire les germes : congélation pendant 3 jours de la viande, destruction par la chaleur (cuisson à 60°C pendant 6 minutes), destruction par la dessiccation, donc la déshydratation.
Ainsi, il est conseillé de bien cuire la viande et d’éviter les préparations à base de viande crue. Une nouvelle mode dans les habitudes alimentaires que nous choisissons pour nos animaux est de revenir à une alimentation fraîche, notamment chez nos chats de compagnie. Cette alimentation dite « BARF » est, vous l’aurez compris, une prise de risque pour la santé de votre animal et de votre foyer. Ce type de ration le prédispose à ce genre de pathologie tandis que l’alimentation industrielle, à base de croquettes ou d’une ration de viande bien cuite rend improbable la contamination.
Nettoyer régulièrement la litière
D’autres mesures simples d’hygiène peuvent vous aider à lutter contre les risques de propagation du parasite : nettoyez régulièrement la litière de votre chat, si possible avec des gants, afin que la charge parasitaire dans la maison soit maintenue assez basse.
Nettoyer-vous régulièrement les mains
Nettoyez-vous régulièrement les mains, notamment lorsque vous allez cuisiner, après avoir été en contact avec le sol potentiellement souillé, par exemple à la suite d’une session de jardinage. L’idéal serait de se laver les mains après contact prolongé avec votre chat.
En résumé, la toxoplasmose est une pathologie souvent asymptomatique chez le chat. A priori inoffensive, elle représente toutefois un danger chez les humains immunodéprimés ou les fœtus des femmes enceintes. Cependant, il ne faut pas incriminer définitivement les chats puisqu’ils ne sont pas la source habituelle de contamination. Plusieurs mesures de précautions peuvent être adoptées comme la consommation de viande bien cuite (évitez l’agneau rosé), le port de gants lors du nettoyage de la litière ou encore le nettoyage de mains systématique.
BONNET Solène - ProVéto